En complément des réponses de Peter
Sur un spectre de symbiotique (et surtout en très basse résolution), il faut commencer par vérifier ce qui est une raie en émission. La bonne méthode est effectivement de comparer le spectre avec celui d'une géante classique. Voire même soustraire le spectre d'une géante de même type spectral du spectre obtenu.
Attention :
1. le pseudo-continuum n'est pas "pur", il est modifié par a. le spectre du composant chaud dont le pic se situe dans l'UV b. le continuum créé par la recombinaison H, He I, He II c.
2.le pseudo continuum d'une symbiotique varie avec la phase orbitale et l'activité
Pour ces raisons, en règle générale, le continuum de la symbiotique différera donc dans sa forme générale avec celui d'une géante MIII de référence, notamment au niveau des hauteurs des bandes TiO.
Pour une étude précise, il faut donc construire une spectre composite : géante MIII + courbe de Planck du composant chaud + recombinaision Balmer (au moins) et éventuellement He I et He II.
Voir la méthode appliquée à CI Cyg dans
http://www.astronomie-amateur.fr/Docume ... CE2016.pdf
pages et suivantes
Pour les symbiotiques brillantes (mag V < 12V), nous avons dans la base un nombre important de spectres Echelle qui peuvent aider (REM : ils sont également utiles pour vérifier la calibration en longueur d'onde)
- chcyg_20180630_958_Marik.png (40.08 KiB) Viewed 4771 times
Le spectre de Vincent (R = 500) , décalé de + 5 A, celui obtenu par Hubert Boussier avec un LISA (R = 1000), un spectre Echelle (R = 11000)
J'ai choisi la région [OIII] 5007, Fe II 5018
On voit immédiatement les limites de l'Alpy. La raie Fe II 5018 ne diffère guère des fluctuations du continuum créées par l'intégrations des bandes moléculaires - principalement TiO. En revanche, elle apparaît clairement dans le spectre de Hubert, bien séparée de [OIII]
C'est la raison pour laquelle lorsque l'on me pose la question Alpy ou LISA, je réponds LISA.
Alpy est un bon outil d'apprentissage de la spectro, il fournit d'excellents résultats sur les objets faibles à raies larges (cf. Travaux de Robin, Etienne ... par exemple sur les SN), mais il montre rapidement ses limites, par exemple sur les symbiotiques.
Pour autant, il fournit des informations intéressantes :
1. Si la réponse atmosphérique est correctement calculée, il peut donner une information très importante sur le continuum
2. Il permet également des produire des résultats valables sur les raies intenses et bien séparées. Par exemple diagnostique température basé sur le ration HeII/H béta (voir par exemple les spectres obtenus sur AG Dra)
Quelle que soit la chaîne de mesure, il importe d'en connaître les limites et ne pas surinterpréter.
Par exemple, sur le spectre LISA de Hubert, le multiplet Fe II (42) - voir ci-dessous - apparaît clairement:
- chcyg_20180630_958_3.png (23.29 KiB) Viewed 4766 times
Sur l'identification des raies.
Il y a deux méthodes :
1. Partir d'une liste établit par des professionnels
J'ai mi en ligne un commencement de page d'où l'on peut télécharger une bonne liste CH Cyg (Yoo, 2010), y compris dans sa version utilisable avec plotspectra
avec la liste en pdf en en csv, utilisable avec l'excellent PlotSpectra produit par Tim (il manque une documentation, mais on peut t'aider sur el forum)
http://www.astronomie-amateur.fr/Lines/ ... _SySt.html
2. A partir de connaissance de base sur la nature physique de l'objet et d'une bonne connaissance des mécanismes de formation des raies, établir sa propre identification
et bien sûr d'une combinaison des deux, dans la cadre d'un apprentissage progressif, allant de 1 vers 2.
2. est bien sûr beaucoup plus satisfaisant et surtout va permettre de construire des analyses sur des objets nouveaux (exemple SU Lyn) ou dans une situation nouvelle (exemple CH Cyg) ou évoluant ou sans références absolues (exemple : spectre de nova)
La méthode qui ne donne rien de bon : penser qu'un logiciel, VisuaSpec, Plot Spectra ...) peut identifier les raies et qu'il suffit de trouver une longueur d'onde de n'importe quel élément qui correspond à peu près pour identifier une raie. Malheureusement, on voit ça trop souvent.
En terme de méthode, pour les symbiotiques, il faut partir du schéma global d'une symbiotique. Un composant chaud, dont la température peut aller, selon les étoiles de 40 à plus de 200 000 K. Une gamme de densité électronique également très étendue : certaines zones avec uniquement des raies produites par recombinaison, d'autres zones plus ténues of les raies excitées par collision peuvent apparaître
Voir à nouveau :
http://www.astronomie-amateur.fr/Docume ... CE2016.pdf
ou encore sur les PN :
http://www.astronomie-amateur.fr/Docume ... ionPN.pdf
Commencer par identifier les raies de Balmer HI, puis la ou les raies He II (4686 la plus intense), puis les raies He I (notamment 5876, 6676, 7065)
Rem dans CH Cyg, pas de raies de l'hélium
Passer ensuite à Fe II. Le spectre du fer est très complexe. Un point : les raies apparaissent sous la forme de multiplets entre deux niveaux électroniques. Si l'on identifie 4924 du multiplet 42, on *doit* également trouver les raies 5018 et 5169 du même multiplet à des intensités du même ordre de grandeur.
En ce qui concerne les raies "interdites", on retrouve la même logique. Par exemple [OI] apparaît toujours sous la forme d'un doublet 6300, 6363 avec 6363 environ 1/3 de 6300.
En plus haute résolution, il importante également de comparer les profils. [OIII] 5007 Sse forme dans la même région que [OIII] 4959. Cela peut aider par exemple pour les novae où une autre raie se forme avant [OIII] 5007 à une longueur d'onde légèrement plus petite.
Pour en revenir à ton identification : [Fe VII] ne peut exister dans CH Cyg, au moins à son stade actuel d'évolution, car le composant chaud est supposé être un disque d'accréation d'une température ~ 50000 K
Suffisamment chaud pour ioniser l'oxygène deux fois (ce qui permet de donner [OIII], mais suffisement pour ioniser le fer 6 fois, [Fe VII])
[OI] 6300 : oui et il apparaît clairement sur ton spectre
- chcyg_20180630_958_2.png (38.26 KiB) Viewed 4766 times
Bonne continuation,
François